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4. C'est maintenant qu'il lui faut mourir, au vieux berger...

Publié le 21 juin 2013 dans Mémoires de bergers

Le temps d'une dernière montée...

    Ainsi la voie avait été tracée qui s’arrêtait là. Au pied de cet arbre, de son arbre, on est les deux pour le grand voyage, n’est-ce pas, mon ami l’arbre.  Il le sentait. Il le comprenait. Et puis, il lui semblait, là-bas, tout là-bas, non pas tout près, ce n’était jamais arrivé si près, Dieu lui parlait. Sans hargne, sans rien exiger de lui, sans lui demander de faire son mea culpa. D’ailleurs, qu’aurait-il fait de mal en son existence de travail et de contemplation, car il n’y a pas que le boulot, loin de là,  et il faut savoir s’arrêter sur le banc qu’il y a devant le chalet, ou en bas à l’arrière de la maison, pour contempler ce qui nous entoure, la nature et les hirondelles, les hirondelles surtout. Et il se dit soudain que c’est quand même triste d’arriver en des lieux où l’on ne verra plus les hirondelles.     
  - Voilà  donc qu’il se dit encore, je n’aurais plus de vie. Et c’est probablement dans l’ordre des choses, que je n’aie plus de vie. On ne peut pas faire autrement. Il ne sert à rien de crier ou de se révolter. Il faut accepter. C’est dur quand même, mais on n’y peut rien, personne n’y peut rien, même Dieu, lui non plus, il n’y peut rien.