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38. Les pâtures d'automne à la Vallée de Joux

Publié le 19 février 2015 dans Vie quotidienne à la Vallée de Joux

Les pâtures en communs du côté du Solliat

    C'est alors que les vaches étaient redescendues des alpages, et que désormais, pendant un mois environ, il fallait les laisser pâturer dans les champs. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'à cette époque, il n'y avait pas de barrières pour séparer les parcelles, ce qui veut dire que les bêtes pouvaient aller partout, et même parfois dans le village où il arrivait qu'elles empruntent un corridor. Vous voyez ça, vous, une vache qui arrive dans votre cuisine pour vous donner un petit bonjour ! 
    Bref liberté totale pour ces bienheureux ruminants, grands et petits, qui s'en allaient ainsi faire leurs vacances d'automne parmi l'entier du territoire. Mais ces diables de bestioles, elles savaient naturellement quels étaient les meilleurs coins et s'y rendaient plus souvent qu'à leur tour.  Elles parcouraient le tout, elles allaient jusqu'à la lisière des forêts où d'aucuns parmi nos jeunes cuisaient des berbots sous la cendre. Le soir, un peu avant l'heure de la traite, elle redescendaient gentiment contre le village, et même, souvent elles regagnaient leur écurie et leur place sans qu'il ne faille rien faire. elles avaient l'habitude, et surtout un sens de l'observation infaillible. 
    Il en était pas de même pour les veaux qui ne pensaient eux qu'à une chose, vous échapper, et puis vous narguer, alors que la plupart du temps, pour les Charbonnières, ils se trouvaient là-haut, sur les replats de l'Epine, et positionnés de telle manière qu'il n'était plus possible de les apercevoir du village. Et inutile de les appeler, ils ne répondent jamais à votre appel. Si bien qu'il fallait monter là-haut, les pourchasser, les rassembler, les perdre, courir après, bref, perdre votre temps à mener cette bande d'abrutis. 
    Enfin, cela faisait partie du jeu. Et c'était l'automne, où les après-midi peuvent être très doux, juste un peu de brume qui court sur le lac Brenet, ou qui se déverse dans notre vallon par le col de la Pierre à Punex. 
    En somme, on était heureux!