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36. Quand les eaux de l'Orbe effraient Donat...

Publié le 05 janvier 2018 dans Sites et paysages

Le petite Grotte aux Fées dégorge...

    Du côté de Vallorbe, il y a belle lurette que l'on ne parle plus de Donat. Ni même des fées, qui, sans doute, parce que l'on n'y croit plus, ont déserté la contrée pour s'en aller en des lieux où la magie n'a pas fui l'humanité!     
    Par contre reste à cette localité le site extraordinaire de la reculée de la résurgence de l'Orbe. Là-bas où vous découvrirez une ambiance unique. Comme on le dira tantôt dans notre développement, on peut très bien imaginer face à cette rivière enflée en son maximum, et ces arbres dont l'immensité impressionne toujours, être revenu aux débuts du monde, quand les éléments n'étaient pas encore bien dissociés les uns des autres, et qu'il n'y avait guère qu'un magma dans lequel on ne reconnaissait ni l'eau ni la roche, mais un simple mélange des deux!     
    Il a plu toute la journée de hier, et peut-être même d'avant-hier. Ce qui fait que sur les montagnes, l'épaisse couche de neige a fondu. Et que les rivières ont alimenté à plein régime le lac de Joux qui, aujourd'hui, après quelques heures du voyage de ses eaux dans les entrailles de la montagne séparant les deux régions, réapparaît en ces lieux, couleur un peu de boue, de tant de masses liquides ravageant la terre.     
    L'impression est presque exaltante. On resterait des heures  là, sur la passerelle qui franchit l'Orbe en amont,  à voir couler de telles masses prodigieuses d'eau, a écouter ce bruit fascinant qui emplit tout le vallon d'une puissante chanson que seules les puissances  les plus prodigieuses de la nature savent offrir. On est comme subjugué, fasciné, transcendé. On n'est plus soi-même, mais simplement une partie de ce prodigieux environnement duquel pourtant, on le sait, on est le seul élément qui puisse prendre conscience non seulement de son existence, mais aussi des forces qu'il développe.     
    Remis de ses émotions, on se souviendra de ce si peu subtil Donat, comme aussi on se remémorera l'une des plus belles descriptiions du site, celle offerte en 1779 par Horace-Bénédict de Saussure dans son ouvrage fondamental: Voyages dans les Alpes.