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36. Liste de tous les alpages du canton de Vaud en 1943, Département de l'Agriculture, de l'Industrie et du commerce, Laiterie agricole, Lausanne

Publié le 03 novembre 2011 dans Alpages, chalets et bergers de la Vallée de Joux et environs

Henri Rochat-Golay (voir sous ce nom dans les Grandes figures combières d'autrefois), marchand de fromage au Pont

    Voilà une toute belle liste qui vous donnera la totalité des alpages du canton, Vallée de Joux naturellement comprise. Il y en a une pléidade. Peu nombreux ceux qui eurent l'occasion de tous les connaître. Quelques-uns, près de chez soi, par ci par là, peut-être, mais au-delà de ses crêtes familières, qui les connaît ? Cela n'est d'ailleurs pas d'une importance capitale, puisqu'il suffirait d'en connaître quelques-uns pour se faire une bonne idée de la vie de ces hauts, passée ou présente.
    Cette liste figurait dans les archives Rohat-Golay du Pont - déposées à 95 % aux ACV -, gros marchand de fromages qui avait coché toutes les montagnes avec lesquelles il travaillait, c'est-à-dire auxquelles il rachetait la production fromagère de la saison. Il y en avait une ribambelle. Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que Henri Rochat-Golay était de cette corporation que l'on nommait "les barons du fromage". La presque totalité alors produite dans le canton passait dans leurs mains. Il faut se souvenir de la manière dont pouvait se passer une pesée:
    "La pesée des fromages
    Une des journées les plus importantes de l'année, de la saison d'alpage en tout cas, c'était la pesée des fromages à la fin septembre.
    C'était le père Henri Rochat-Golay, baron du fromage au Pont qui était l'acheteur (on l'appelait Rochat-Golay tout court). Homme corpulent, la soixantaine, il n'était guère marcheur. Pour se rendre à la Muratte, il fallait alors atteler le cheval, mettre un banc sur le char à échelles où prenait place le marchand de fromages. Cette affaire irritait passablement le grand-père Sami qui trouvait que Rochat-Golay" pouvait quand même bien marcher un bout!".
    Arrivés au chalet, on plaçait la bascule, on sortait les tabliers de toile pendant que Rochat-Golay parcourait la cave, tâtant les fromages, les tapotant, prélevant une sonde ici et là.
   commençait la pesée. Cinq pièces à la fois, apportées par Millet, Gaston, Jean, Samuel. Souvent, le marchand qui tenait la bascule, voyant le levier décoller à peine, repoussait le ma, non pas d'un, mais de deux kilos, sous les récriminations bienveillantes du père Jules qui protestait en patois:
    - I doit y avoi un dopé (il doit y avoir un de plus).
    Mais la pesée se faisait dans la bonne humeur et on terminait par les quatre heures avec le "casa" après avoir chargé les fromages dans le char à échelles, protégés qu'ils étaient par des "fleuriers" (draps de serpilière).
    Avant son départ, Rochat-Golay s'approchait de Gaston, le fromageur, et lui glissait discrètement quelques pièces de monnaie en guise de bonne-main.                                                                         Samuel Rochat