A la Petite-Dent-Dessus.
Le balancier, c’était l’équilibre même du pâturage, son ornementation la plus caractéristique. Il signifiait plusieurs choses. Qu’il y avait ici de l’eau, ce qui, dans notre Jura calcaire n’est pas une évidence. Que cette eau servait à alimenter du bétail qui pâturait en belle saison. Que ce bétail, dans de nombreux cas des vaches laitières, permettrait à l’amodiateur, à partir du lait que ces braves bêtes produisent deux fois par jour, de faire de beaux et bons fromages.
Le balancier introduisait donc à tout un monde, qui était celui de l’alpage, ou de l’économe alpestre, si vous voulez. Un monde riche. Avec quelque poésie, c’est certain, surtout pour celui qui passe ! mais par contre pour ceux qui l’animent, beaucoup de boulot.
Ils se revoyaient[1] surtout le dimanche, quand, à l’heure des visites, ils pouvaient se revêtir de leur beau brodzon brodé et raconter à ces invités ou invitées auxquels ils offraient la crème, des histoires… de chalet. Et certaines étaient plus drôles que tristes, dans tous les cas, après avoir bu un verre, ce qui chiffonnaient encore tout récemment, devenait sujet à plaisanter. Ah ! elle est belle, la vie, sur nos hauteurs.
Encore que dans moins de deux heures, il faudrait retourner à l’écurie traire ses quinze vaches par tête de pipe, l’affaire de deux bonnes heures, si ce n’est plus au mois de juin quand elles vous mettent plein de lait.
[1] Se revoir, se retrouver dans ce qu’on a de mieux, de meilleur, un peu parader.
