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21. L'impossible retour.

Publié le 25 novembre 2016 dans Instants d'humanité

Elle était belle, la maison que rajeta l'arrière-arrière-grand-père en 1852.

    On court et on divague. On prend ses rêves pour des réalités. Mais en même temps, sommes-nous tout soudain ailé, on découvre des choses et des situations qui ne sont vraiment pas ordinaires. Par exemple, on revient dans le temps. Et en ce passé que chacun croyait enfoui à jamais, on retrouve des gens que l'on connaît. 
    De telle manière qu'il est possible que l'on puisse parler avec son arrière-grand-mère qui serait moins âgée que nous! Ô miracle. Ô puissance de l'esprit qui nous affranchit de ces bornes si pénibles du temps, celles qui nous condamnent d'une manière atroce à tous vivre le même temps. Comme si on était d'accord avec le temps que l'on vit, que l'on soit d'accord d'accompagner tous ceux-là qui ne pensent pas comme nous, d'en faire des compagnons de voyage alors qu'ils ne nous sont rien. Un souffle et les voilà partis. Un souffle aussi, et c'est  à mon tour.
    N'empêche que ce jour-là, j'ai parlé avec mon arrière-grand-mère. Dans la réalité je l'aurais presque pu, puisqu'elle décéda alors que je n'avais qu'un an. Elle n'a en réalité fait que de me regarder dans les bras de ma mère ou dans une poussette en estimant que j'étais un bien bel enfant alors que moi-même considère que j'étais loin de correspondre à cette appréciation, trouvant même que cet aspect joufflu ne me convenait pas du tout. J'aurais du faire cent kilos, n'est-il pas vrai ? Alors qu'il n'en est rien. Que s'est-il donc passé ?
    Brave arrière-grand-mère. J'en ai fait une fixation. Je la retrouve à chaque tour que je fais,  circonvenant ce lac quii ne cessera jamais de me fasciner. Et cette rive occidentale, quelle magie. Elle est au levant. Elle jouit d'un micro-climat tout ce qu'il y a de plus agréable. Et surtout elle comprend ce site mythique de Bonport, là où même autrefois se trouvait une maison où elle naquit. Dans une lignée de huit enfants. 
    On ne les pas connus. On sait pourtant leurs noms et prénoms. Ils ont quitté très tôt les lieux pour s'en aller ailleurs coloniser le monde. Ne resta plus que l'un d`eux dont l'épouse accoucha d'un dernier enfant dans cette même maison qui aurait eu une histoire immense à raconter. Il n'en fut rien. Elle resta silencieuse. Puis un jour, ce fut le 17 décembre 1898, une semaine avant Noël, à six heures du soir, elle brûla.
    C'en serait alors fini de tous nos rêves. Ne resterait plus que la plate réalité, celle qui nous convient si mal qu'il faut la fuir à tout prix. Par tous les moyens. Avec la ferme intention de découvrir un jour  autre chose. De plus beaux. De plus grand. D'incommensurable!