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200. Histoire succincte des deux Muratte, la Muratte-dessus et la Muratte-dessous, soit le Chalottet actuel.

Publié le 18 mai 2013 dans Alpages, chalets et bergers de la Vallée de Joux et environs

La Muratte-dessus.

   Un citoyen des Charbonnières, Claude Rochat du Haut-des-Prés, le doyen de la Vallée qui arriva au bel âge de 103 ans (et non 108 ans comme indiqué parfois), avait constitué un vaste alpage sur le territoire ancien de Malevaux, du côté de la Racine, ou de l'Echelle, comme on disait aussi autrefois. Cela à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. 
    Nous sommes à l'ère des changements. Les nobles et grands bourgeois de la plaine vaudoise, ou les bourgeois de Berne, financiers, rachètent tout ce qu'il trouvent en fait d'alpages, à la Vallée de Joux entre autres lieux. C'est l'âge d'or du gruyère. On en produit en quantité sur notre territoire. L'investissement dans le domaine laitier et fromager est rentable. 
    Nombre d'alpages situés sur le territoire de la communauté du Lieu passent ainsi aux mains de ces nouveaux spéculateurs, les natifs, la plupart en probables difficultés financières suite aux famines de la fin du XVIIe siècle et à leurs tragiques conséquences, acceptant de se déssaisir de leurs biens alpestres. Claude Rochat ne fait pas exception à la règle. En 1712 il vend ses pâturages et chalets à Samuel de Muralt, bourgeois de Berne, habitant  Montcherand, bailli de Grandson. 
    Voilà donc les Bernois installés sur nos hauts. Ils vont y rester 101 ans. Jusqu'à ce que, les derniers héritiers n'ayant plus que cette attache avec le Pays de Vaud, constatant qu'il est bien difficile de gérer leurs biens à distance, vendent enfin leur propriété. Les acquéreurs seront eux de même établis au Haut des Prés. Il s'agit de  la famille de Louis Rochat, grande marchande de fromage. Nous sommes au tout début de 1813. Il y aura donc très exactement 2 siècles que ces honorables citoyens pouvaient faire leur première montée sur ce pâturage nouvellement acquis, et amodié jusqu'alors par leurs voisins de l'Epine-dessus de vent. 
    La propriété, reprise par les premiers successeurs de De Muralt, les Demulen, on prononçait par ici les Demelune!, prit le nom du précédent propriétaire. Ainsi ne parla-t-on plus de Malevaux, mais simplement de la Muratte. 
    Muratte-dessus, avec un chalet resté le même depuis cette époque, constuit précisément en 1721, Muratte-dessous, dit aujourd'hui Chalottet, buvette, qui eut l'occasion de brûler deux fois. Une première au début du XIXe siècle, et une seconde un siècle plus tard.