On n'avait pas pu s'empêcher de se marrer, tout au moins de sourire, devant le déballage invraisemblable des assortiments nécessaires à notre équipement: fonds de bazar, solde de magasin de farces et attrapes, liquidation d'une brocante en mal de clients. Ainsi les rutillantes armures de nos fiers chevaliers, des coques de mauvais plastique peint en gris; les cottes de mailles, grosses ficelles en déroute; les casques, les boucliers, les lances, bref tout le fourniment et l'armement, vulgaires plastiques usés aux entournures par de multiples usages. Tout ce dont un gamin de dix ans eut à peine voulu pour aller jouer les mousquetaires dans les bois de son village. Et c'est avec ça qu'on devait faire. On se regardait sans vraiment y croire. Il est vrai que l'écran fait illusion, et que ce qui n'est ici que dépouilles de récupération, vous donnera plus tard, par la magie de l'image, l'illusion d'une solidité à toute épreuve!