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11. La faux

Publié le 27 novembre 2017 dans Un monde d'objets

Le fer ou la lame de la faux et le tonnelet de cidre.

    On parlait tantôt du banc à enchapler. Il convient maintenant de ce pencher sur la faux, là aussi un outil aussi vieux que la civilisation humaine. Que l'on servait naturellement pour le fourrage, mais aussi pour les céréales.     
    Le fer de la faux que l'on sépare du manche pour l'enchapler.     
    Le fer de la faux, qui, à force d'usage, devient tout mince, ne reste presque plus que l'arrière qui comprend un bourrelet de métal afin de donner de la structure à votre lame.     
    Une faux qui vous appartient en propre, dont vous avez passé le fil à la molette des milliers de fois. La marque de vos doigts serait presque inscrite sur le manche. On en a fauché aussi, des taupinières. Et à la lisière des forêts, parce qu'ils descendent par le simple effet de la gravité, ou parce que quelque promeneur les a désouchés, on en a butté, contre des cailloux. Et ça, pour le fil, c'est la cata. Une bosse, et même aussi parfois une fissure qui ne pourra plus être compensée.     
    On change la lame, mais jamais le manche. Un manche  use de cette manière  plusieurs lames.  Et il prend en même temps valeur d'antiquité. Il témoigne de la peine que vous vous êtes donné sur tous ces champs de votre village. La faux, elle, ne voyait que l'herbe que l'on coupait au plus raz, tandis que vous, et surtout à la pause quand vous preniez le café, que vous mangiez aussi du pain et du fromage, parfois on complète par un oeuf dur, vous voyiez l'immensité de ce paysage sur lequel le soleil commençait à chauffer. L'herbe alors perdait de son humidité, devenait plus dure, il était grand temps d'achever l'ouvrage, c'est-à-dire cette demi pose que vous vous étiez promis de mettre en bas. Pas que l'on aille dire que vous étiez un faucheur qui ne vaut pas tripette! 
    C'était ainsi, la vie, en ces temps-là, que l'on qualifiera bientôt d'héroïques!