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107. Une promenade à Crosnello

Publié le 04 septembre 2017 dans Images du pays de Bergame

L'immense poésie de ces hameaux que l'on a déserté, restés en l'état.

    Crosnello, ce n'est rien qu'un hameau sans grande importance perdu dans les montagnes bergamasques. Il a d'autant moins d'importance par ailleurs, qu'il est désormais quasiment déserté. De temps à autre y vient un semi-résidant habitant d'ordinaire le fond de la vallée. Un paysan d'autre part occupe l'écurie principiale. Le fourrage provient des champs environnants qui, quoique situé à plus de 1000 mètres, sont peut-être les plus beaux de toute la région, et les plus productifs. Etonnemment la terre ici paraît être profonde. Quand nous sommes passés par là, l'homme en était à sa troisième coupe. La végétation était superbe et traverser ces prairies nous donnait vraiment l'impression d'être un peu au paradis!     
    Paradis pas vraiment pour ceux qui, en d'autres temps, vivaient ici à l'année. On est en apparence loin de tout, situé au-dessus de Catremerio qui est lui-même  dans l'une des franges extérieures de la Vallée, c'est-à-dire éloigné de plus d'une demi-heure de marche, en prenant au droit et en allant d'un pas d'habitué, de Brembilla, la capitale.         Or donc la vie était rude en ces lieux. Où l'on avait à se partager ce territoire agricole entre on ne sait trop combien de familles qui n'avaient guère que cette agriculture de montagne pour subsister. Les tribus étaient nombreuses, à l'époque. Et tout ce petit monde vivait dans ces quelques maisons qui se sont dégradées au fil du temps. Une fois de plus, une fois encore. 
    L'architecture à l'ancienne de ces bâtiments retient. On regarde les pierres de taille de l'entourage des portes dont certaines sont voûtées. C'était là de la belle ouvrage. Les tailleurs de pierre étaient de grands maîtres qui ne négligeaient jamais rien de leur travail. Et tout cela accompli en des temps que l'on ne saurait plus retrouver dans la mémoire populaire. Des temps d'au-delà les anciens temps!     
    Tout passe tout lasse. Et la solitude des lieux a eu raison d'une population qui s'est repliée sur le fond de la vallée, ou qui même, le plus souvent, est partie à l'étranger, le plus souvent en France ou en Suisse où d'aucuns, et ils furent nombrerux, ont fait souche, oubliant leur petit village, là-bas, là-haut, positionné presque sur la crête de la montagne et d'où la vue était superbe sur la vallée, mais attribut qui n'eut jamais aucune importance dans le fait de tenir à son coin et d'y rester. Les commodités de la vie étaient autrement plus importantes.